Amendements constitutionnels par voie parlementaire : Fronde des principaux partis de l’opposition

mar, 01/31/2017 - 08:45

Suppression du Sénat, décentralisation, renforcement des symboles de la République… Le projet de révision de la Constitution qui devait  être soumis à une consultation populaire au préalable, va finalement être soumis en catimini au parlement. Le FNDU et le RFD qui avaient déjà rejeté toute idée de referendum sont rejoints dans la fronde par l’APP qui pour sa part refuse que le dit projet soit soumis au parlement et  non plus à un vote populaire. Le pouvoir bien que voyant sa marge de manœuvre réduite va quand même passer en force sachant qu’il maitrise haut la main le parlement.

 

La suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, la modification du drapeau et de l’hymne nationaux sont les principales reformes   demandées par les assises du « dialogue national inclusif ». A cet effet, un vote populaire devait être organisé en début de l’année 2017. Mais arguant le coût jugé prohibitif du referendum, le pouvoir a finalement opté pour la voie parlementaire. Un vote qui devrait avoir lieu dans la première quinzaine du mois de février selon des sources dignes de bonne foi. Maitrisant largement la chambre des députés, le pouvoir devait s’assurer du vote en sa faveur des sénateurs mécontents du sort peu enviable qui les attend. Ainsi dans cette perspective, le gouvernement de Ould Hademine a octroyé le 3 janvier dernier des terrains viables gratuitement aux sénateurs dont les frondeurs en première ligne. Une opération abondamment critiquée qui frise selon des analystes à de l’achat des consciences. Ce vote quasi acquis des réformes constitutionnelles est rejeté sans surprise par l’opposition dite radicale.  

Ainsi le FNDU qui regroupe la majorité de partis de l’opposition mauritanienne a appelé les parlementaires à "ne pas porter la responsabilité d’amendements (constitutionnels) rejetés par leur peuple et qui mutilent leur drapeau national et aggravent la crise politique dans leur pays".

Selon le FNDU, "les amendements proposés n’apportent aucune solution à la crise politique que vit le pays depuis plusieurs années ; bien au contraire, ils ne font qu’en aggraver les causes et les manifestations.

Ils ne revêtent aucun caractère d’urgence qui justifie le fait qu’on cherche à les faire passer quel qu’en soit le moyen, surtout qu’ils touchent à des symboles auxquels l’écrasante majorité de ce peuple est profondément attachée".

Le FNDU de rappeler que "le Président Mohamed Ould Abdel Aziz s’est engagé dans son discours à Néma qu’aucune modification de la constitution ne se fera sans passer par un référendum populaire".

Et de réaffirmer "le caractère illégal de la procédure consistant à faire adopter ces amendements par un parlement dont l’une des chambres a dépassé les délais légaux du renouvellement de ses trois tiers, et dont l’autre ne bénéficie pas du consensus requis pour une telle opération".

Pour sa part, L'Alliance populaire progressiste (APP), exige le maintien d’un référendum populaire, ce qui est un coup dur pour le camp de la majorité présidentielle et le président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Pour le projet, le parti du président du Conseil économique et social et ex-président de l'Assemblée nationale mauritanien "exige une consultation populaire par voie référendaire", comme le prévoyait le dialogue national organisé du 29 septembre au 20 octobre 2016.
L’APP qui a pris part au dialogue, boycotté par l’opposition dite radicale, appelle "à la mobilisation de tous les Mauritaniens issus des rangs de la majorité et de l’opposition pour barrer la route à la dérive autoritaire du pouvoir, qui menace la démocratie et les acquis républicains".
Le parti de Messaoud Ould Boulkheir est représenté à l’Assemblée par 6 députés. Ainsi, avec les 16 élus des islamistes de Tawassoul et les 4 députés de l’Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la réconciliation, un parti qui a boycotté les assises du dialogue et dont les élus pourraient voter contre, et quelques "égarés" de la majorité, notamment certains sénateurs opposés à la dissolution de la chambre haute, les propositions de réformes préconisées par le pouvoir pourraient prendre du plomb dans l’aile au moment décisif du vote, note un analyste.

Rappelons qu’après une série record de rendez-vous ajournés ou annulés, un dialogue national qui se voulait inclusif avait été organisé en début octobre 2016 au centre de conférences de Nouakchott. Près de 600 personnes avaient assisté aux ateliers réunis au Centre international des conférences de Nouakchott sur quatre thèmes : problématiques politique et électorale, réformes constitutionnelles, renforcement de l’État de droit et de la justice sociale, et enfin gouvernance économique et financière. Fidèles à leur refus de dialoguer avec le régime, le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) et ses composantes que sont principalement Tawassoul, l’Union forces de progrès et le Rassemblement des forces démocratiques avaient boycotté ces assises.

Ah SOW

Nordinfo

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